Le voyage d'Eslafi

En Transsibérien de Pékin à Irkoutsk

Autre morceau de légende : le Transsibérien !

cropped-IMG_8082.jpgImpossible à résumer. D’ailleurs, il n’y a pas un seul, mais plusieurs transsibériens, suivant les itinéraires que l’on adopte.

IMG_8049Il y a trois itinéraires au-delà du lac Baikal, suivant qu’on relie Moscou à Pékin par la Mongolie (Transmongolien, via Oulan-Bator) ou par la Mandchourie (Transmanchourien), ou encore qu’on va non pas à Pékin, mais à Vladivostock). Pour ce qui nous concerne, c’était évidemment le premier : la traversée de la Mongolie.IMG_7089La table horaire des trains est en elle-même un poème. Indispensable parce qu’en fait il y a plein de trains qui ne sont pas indiqués sur Internet. Difficile à lire : pour tous les arrêts en Russie, les horaires sont indiqués « heure de Moscou » et sans préciser le jour, ce qui nécessite une bonne connaissance des décalages horaires pour s’y retrouver !

Train couchettes par nature. Cabines de 2, de 4, ou dortoirs.

Le rythme des rencontres est fortement influencé par ce choix de cabine.


La première partie va nous conduire de Pékin à Oulan Bator. Départ de Pékin, après des procédures de contrôle sécurité dignes d’une compagnie aérienne. Quai désert au départ.

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C’est parti pour près de 30 heures de trajet.

L’après-midi passe à découvrir la Chine autrement qu’à Pékin : séquence de paysages montagneux magnifiques, entrecoupés de villes-champignons, qui ont poussé en quelques années dans les plaines.IMG_4370

La fin de la journée nous offre quelques magnifiques couchers de soleil sur les premières plaines désertiques que travers le train à l’approche de la Mongolie.

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A la nuit tombante, nous ne sommes pas encore arrivés à la frontière, mais pas loin. Il ne reste que 700 km avant Oulan-Bator, et nous arrivons le lendemain à 15 h seulement. Qu’est-ce que ce train peut bien faire de toute la nuit ?

En fait, l’essentiel est consacré aux formalités du passage en Mongolie et au changement des essieux de toutes les voitures du train, au passage de la frontière.

IMG_4423Eh oui ! Comme les largeurs des voies sont différentes dans les deux pays, en pleine nuit, on monte sur chandelles l’une après l’autre toutes les voitures du train, et on change les essieux. Avec force accouplement et désaccouplement des voitures et des chocs à réveiller un mort. Bref, peu de chances de dormir. Comme tout cela se déroule entre minuit et 3 h du matin, c’est pas cool !

Ah oui : détail à ne pas oublier : les voitures sont bouclées pendant toute la manœuvre, et comme le train est en gare, évidemment les toilettes sont fermées. Inutile d’espérer un peu de compassion des personnes qui gardent la voiture : chinoises ou mongoles, cela reste assez austère. De toutes façons, elles ne parlent pas anglais.

Par contre, pour ce trajet, plusieurs bonnes surprises : couchettes confortables, compartiment climatisés, voiture restaurant (simple, mais on peut manger et boire une bière) et eau chaude disponible en permanence pour un thé ou un café.


IMG_8080Pour la seconde partie du trajet, nouveau challenge.

Il faut rejoindre Irkoutsk, en Russie et, au-delà, l’île d’Olkhon située sur la lac Baikal. Donc un trajet Oulan Bator – Irkoutsk en Transsibérien, via Oulan-Oude en Russie, puis un trajet en bus de Irkoutsk à Olkhon.

Au total, 45 heures de trajet incroyable, pour faire un peu plus de 1200 km, et moins de 600 km à vol d’oiseau. On se demande encore comment cela peut prendre autant de temps. De toutes façons, il n’y a pas de solutions par avion, sauf à repasser en transit par Pékin !

Le trajet d’Oulan-Bator à Irkoutsk d’abord. 1000 km. Deux nuits et une journée !

IMG_7062Départ le dimanche soir à 21 h, arrivée le surlendemain à 7 h à Irkoutsk.

34 heures ! Dont 4 heures d’attente pour le passage de la frontière russe, puis de nouveau 4 h à visiter Naushki, charmante ville frontalière d’au moins 1000 âmes. Et puis les 300 km qui restent à la vitesse moyenne de 25 km/h, 40 dans les descentes.

Cette fois, plus de restauration à bord. Heureusement nous avions prévu le coup et emmené de quoi manger pour deux jours.

Train antédiluvien, partiellement chauffé au bois (si, si …). Pas de clim évidemment. Bref, un vrai trajet « roots ».

IMG_4815 IMG_8075Dans le train pour garder le compartiment, deux fonctionnaires mongoles, dont l’une qui ne parle ni ne comprend pas un mot d’anglais. A chaque question, la réponse fuse : « No, no ». Cela va vite devenir son surnom. Erreur, No No est gentille et quand il nous a fallu des petites cuillères, après qu’elle eut compris et malgré sa réponse traditionnelle, elle nous en a trouvées. Dernière surprise : elle nous gratifiera même d’un « Bye » à la descente du train à Irkoutsk.

Malgré tout, le voyage se passe au rythme des paysages traversés et des couchers de soleil. Mongolie d’abord,complètement déserte au nord de Oulan Bator, puis le passage de la frontière russe au matin, et l’arrêt visite du village de Naushki. Arrivée à Oulan Oude à la nuit tombante du deuxième jour, avant le trajet de nuit le long du lac Baikal.

IMG_8087La nuit tombe sur la steppe mongole. Au loin, les phares de la seule voiture sur la piste

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IMG_8108 IMG_8119IMG_8104Arrêt hors du temps. Visite de Naushki, première ville de Russie après la frontière mongole

IMG_8171Village et exploitation minière en Sibérie

IMG_8193IMG_8207IMG_8232IMG_8241Vers Oulan Oude, dans la vallée de la rivière Selenga

IMG_8272Arrivée à Oulan-Oude à la nuit tombante

Mardi matin. 7 h. Arrivée à Irkoutsk. Petite pluie fine. Ambiance dure. Cette fois, plus personne ne parle anglais, et d’ailleurs il vaut mieux ne pas trop s’afficher en touriste. Rien n’est écrit en autre chose qu’en cyrillique. Pas de WiFi, pas de carte SIM.

On essaie de s’en procurer une auprès d’un kiosque dans la gare, lequel visiblement en vend. Refus catégorique de la vendeuse, qui nous fait les 3 variantes du refus : « No », puis « No no » et enfin « No no no no no », très énervée en en nous éjectant catégoriquement. A la sortie de la gare, un guide apparemment bien renseigné nous explique qu’il est impossible d’acheter une carte SIM locale en Russie sauf à avoir demandé avant une accréditation ! Heureusement, on persévère. On finit par trouver un café qui a du WiFi et par repérer une boutique MegaFon (l’un des opérateurs locaux) qui vend des cartes SIM. Fermée, mais elle ouvre à 9 h.

9 heures. Sésame, ouvre-toi ! Génial : la boutique vend les cartes SIM. La vendeuse ne parle ni ne comprend un seul mot d’anglais, mais au moins elle est très soucieuse de régler le problème. En plus, elle très mignonne. On s’explique avec les mains, et quelques mots d’esperanto moderne : iPhone, SIM, data, how much ? … En une demi-heure, ce problème est enfin réglé et nous retrouvons un accès Internet correct.

Il va d’ailleurs s’avérer essentiel. Il est temps : on s’aperçoit tout à coup que nous ne sommes pas à la bonne gare ! Il est 9 h 40 et notre bus pour Olkhon (réservé) part à 10 h à l’autre bout de la ville. Il faut trouver d’urgence un taxi pour y aller. On prend donc un taxi « jaune et noir » (qu’on pense bêtement « officiel »)  devant la gare et nous voilà partis. Prudents, on demande le prix de la course : 350 roubles annoncés (on nous avait dit 100 roubles à l’agence), mais surtout il nous montre une application sur son Smartphone, en nous précisant « Meter, meter ». Avoir sur son smartphone une appli trafiquée spécialement pour arnaquer les touristes, çà c’est fort ! Champion du monde de l’arnaque, catégorie Taxi (la meilleure) ! A l’arrivée à la gare, il nous demande 2 100 roubles, 6 fois le prix annoncé et 20 fois le prix normal de la course ! A hurler, mais au moins notre bus est encore là ! On commence à connaitre la procédure : prendre les bagages à la volée, payer la moitié de ce qui est demandé et s’en aller. On se jette dans le bus en maudissant cette corporation !

En route pour le lac Baikal !

IMG_4847Nous avions rêvé d’une gentille navette type van ou on pourrait dormir un peu.

Raté !

Comme nous sommes arrivés les derniers, c’est strapontin dans l’allée centrale du minibus, pour tous les 4 rangés les uns derrière les autres.

On ne fermera pas l’œil cette fois-ci. S’ensuivent 8 heures de bus. Enfin, plus exactement 5 heures de bus sur les routes menant au lac Baikal, puis 2 heures d’attente pour le bac pour passer sur l’île d’Olkhon, puis 1 heure de bus sur les pistes défoncées d’Olkhon avant que le bus nous dépose enfin devant notre gite.

Le passage du bac en lui-même est encore une aventure !

IMG_8283Deux bacs minuscules pour « avaler » une file d’attente interminable de véhicules qui vont sur Olkhon. Heureusement le minibus est prioritaire ce qui fait que nous n’attendrons « que » 2 heures pour passer.

Procédure de débarquement invraisemblable aussi. Pour des raisons mystérieuses, le bac (qui a deux bouts, si, si …) se retourne durant la traversée, ce qui fait que tous les véhicules sortent en marche arrière à l’arrivée, en essayant de rester sur le ponton. Scène croquignolesque garantie pour les véhicules avec remorque un peu maladroits ! Et évidemment, encore un peu de retard !

On met à profit tout ce temps pour prendre nos premières photos du lac Baikal.

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Une fois sur Olkhon, ce n’est pas terminé. Le chauffeur se jette sur la piste avec énergie et créativité. Plus de route : il ne reste que la piste (en fait, plusieurs ébauches de pistes qui se croisent ; c’est un jeu !) et l’herbe sablonneuse à coté. Chaque fois qu’il juge la piste trop cabossée, le chauffeur passe dans l’herbe. On se double aussi, à gauche, à droite. C’est assez ouvert ! Tout cela, à bonne vitesse et avec ses 25 passagers.
Impossible de lire ou de faire quoi que ce soit. Ça secoue trop.

Mardi 18 h, après une dernière heure de ce régime. Le minibus s’arrête et nous dépose en pleine cambrousse. Descente du bus. Vent glacial.

IMG_8314On récupère les doudounes vite fait dans les valises, et on jette un regard autour. Rien. Deux arbres qui se battent en duel. La plage à 500 mètres, le village à 2 km, et notre gite posé là, sur le sable.

Il ne fait même pas beau, et cela fait 45 heures que nous sommes partis de Oulan-Bator.

Ou est-ce qu’on est encore tombés ?

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