A l’origine, la décision de passer aux Philippines tenait à nos filleules de l’ONG Caméléon : voilà 4 ans qu’on correspondait avec Genibel et Leslie Ann, et on ne les avait jamais vues. C’était l’occasion ou jamais.
Ensuite, il y a eu Gawad Kalinga et MAD Travel. Nous voulions passer quelques semaines de notre voyage dans une ONG, et y faire quelque chose d’utile avec les filles. C’est Justine qui nous a branchés sur « GK » et MAD Travel, puis Thomas, le fondateur de MAD Travel, qui a patiemment monté un voyage sur mesure pour nous.
Bien sûr, on va vous raconter tout cela. Et en détail !
Mais avant, il faut qu’on vous donne quelques chiffres et quelques faits, pour vous aider à comprendre. Pour ce qui nous concerne, on aurait pu aller voir avant de venir. On ne l’a pas fait , et nous avons été bien plus bousculés que ce que nous imaginions en arrivant.
Quelques faits et chiffres
Les Philippines, c’est 100 millions d’habitants, et une démographie galopante.
C’est la deuxième plus forte croissance au monde après la Chine.
Mais derrière la croissance du PIB, on y trouve des inégalités, une pauvreté et une violence énormes. 20 % de la population ne mange pas à sa faim, dont 12% – 12 millions – qui sont en situation d’extrême pauvreté : pas de ressources, pas de nourriture, pas de logement sauf dans les slums de Manille ou des quelques autres villes. Extrême pauvreté, chômage absolu, alcool, drogue, violence, maltraitance des enfants… sont leurs fléaux courants.
C’est aussi un pays en zone sismique, exposé notamment aux typhons, raz-de-marée et tremblements de terre.
Manille (Métro Manila, la métropole), c’est 20 millions d’habitants. A titre de comparaison, toute la Région Ile de France, c’est 12 millions d’habitants. Manille, c’est le miroir aux alouettes pour tous les Philippins qui abandonnent leur campagne ou leur île dans l’espoir de trouver un boulot et de réaliser leur rêve américain. Mais à l’arrivée ce n’est pas toujours ça : voir le film « Metro Manila » qu’on a découvert un soir et que vous pouvez télécharger sur ITunes.
Les Philippines c’est aussi une terre agricole très abondante, et très largement inexploitée : 12 millions d’hectares, soit 40 % de la surface du territoire, sont laissés en friche. Les Philippins disent qu’ils ont abandonné leur relation à la terre. D’ailleurs, la plupart des produits agrosourcés – par exemple les produits laitiers ou le chocolat – sont importés, notamment depuis la Chine ou Singapour – quand bien même les matières premières proviennent des Philippines.
Enfin, les Philippines, c’est un potentiel touristique incroyable, avec 7107 îles et une population parlant anglais dans son immense majorité.
Pour résumer, il faut reprendre l’une des citations de Tony Meloto :
» Our powerty is the biggest mystery in the world « .
Filipino mindset
Pour beaucoup, l’explication tient au « mindset » des Philippins.
De la double ère coloniale (espagnole puis américaine), ils ont gardé une pauvre idée de leurs produits. Le produit importé est forcément mieux que celui « home-made ».
Le « rêve occidental » est hyper-présent : publicités à outrance au bord des routes, modèles occidentaux ou chinois, SUV à tous les coins de rue à Manille, consommation effrénée – la première mondiale – de « skin whiteners » etc …
Pourtant le moyen de locomotion le plus courant n’est pas le SUV. C’est le tricycle, où l’on s’entasse en familles entières, entre 2 et 10, sur la moto, la nacelle et le toit.
L’entrepreneuriat est aussi un enjeu : la priorité de beaucoup de Philippins est moins d’entreprendre que de travailler, fut-ce a l’étranger et dans des conditions de rémunération extrêmement faibles. Ainsi, 12 % de la population travaille hors des frontières. Mais de manière plus générale, l’enjeu est la reconstitution des filières, notamment agricoles, autour de projets, d’investissements et d’entrepreneurs philippins.
C’est dans ce contexte que s’inscrit l’action de Gawad Kalinga : sortir les Philippins de l’extrême pauvreté, rebâtir leur autonomie et leur fierté nationale, retrouver le rapport à la terre et développer l’entrepreneuriat, et surtout l’entrepreneuriat social.
Notre itinéraire
Autant dire qu’en rentrant dans ce monde, nous avons découvert plus en quatre semaines qu’en plusieurs mois de discussions.
On ne peut pas tout décrire, mais dans les jours qui viennent, nous allons essayer de vous dresser, à grands traits, le portrait de ces gens hyper « inspirants » – si tant est que ce terme ne soit pas galvaudé – tant pour les Philippins qui cherchent à sortir de là que pour ceux qui ont décidé de les aider.
Quel a été notre itinéraire ?
A l’arrivée à Manille, ou nous avions prévu de passer les premiers jours, nous sommes finalement allés découvrir les rizières de Banauë et rencontré Nora.
Quelques jours plus tard, premier choc : nous découvrons le site de Caméléon, à Passi, sur l’ile d’Ilo-Ilo. Le livre de Laurence Ligier nous saute à la figure, dès le lendemain, et ne nous quittera plus les quatre jours que durera notre séjour, pas plus que les sourires des princesses des Caméléon.
Semaine suivante, changement de décor : nous quittons Caméléon, et rejoignons, avec l’équipe de Mad Travel, la communauté de Gawad Kalinga (GK) à Maribojok, sur l’ile de Bohol. Découverte des communautés, du Kids club, rencontre de Junalyn et Megan. Nouveau choc.
Troisième semaine, et découverte du Social Business Camp. Nous migrons vers le cœur de l’organisation de GK : le site de l’Enchanted Farm, la communauté GK et les volontaires qu’il abrite. Rencontre déterminante avec Tom, qui complète notre compréhension de MAD Travel. Toute la semaine, rencontres avec Tony Meloto, avec les entrepreneurs installés sur le site, avec la communauté de volontaires français qui les aide …
Enfin, pour clôturer notre séjour, dernière semaine sur le site de Baler : nouvelle semaine de Kids Club, mais cette fois c’est bien rôdé. En prime, la ville de Baler est la Mecque du surf aux Philippines et les filles découvrent les plaisirs de la glisse au milieu de centaines d’enfants Philippins.
Tout ne se trouve pas aux Philippines, bien sûr !
Mais il y a beaucoup de choses dans ce qu’on a vu,
qui trouvent naturellement leur écho et leur transposition chez nous.
Là aussi, on reviendra, c’est sûr.
Mais surtout, il y a tellement de choses à comprendre et à faire !
Merci d’ores et déjà à tous ceux qui nous accompagnés dans ce voyage aux Philippines, et notamment à Caméléon, à Gawad Kalinga et à la communauté de l’Enchanted Farm pour leur courage, leur obstination et leur vision positive du monde.
A lire :
- Princesses des Rues – Laurence Ligier – 2007
- The Genious of the Poor – Thomas Graham – 2014
(existe aussi en Français sous le titre « La richesse des pauvres »)
A voir :
- Metro Manila, 2013, Prix du public international Sundance 2013
Judicieux de commencer le post par les stats des Philippines. Impressionnant en effet les comparaisons avec Paris qui semble bien petit.
Compliments aux filles pour le surf.
Wahouuu ! Merci pour le partage de vos belles aventures et si contente que nos échanges de mail grâce à Pierre aient pu vous amener à découvrir Gawad Kalinga et tester Mad Travel ! Quelle incroyable coïncidence encore une fois d’avoir pu se croiser à la Ferme Enchantée, bravo pour votre projet qui j’espère inspirera d’autres jolies familles et très belle continuation à tous !
A bientôt à Hem, Bulacan ou quelque part sur cette planète,
Les filles avec les crocodile bravo à bientôt